VU A L'ÉTRANGER Lantmännen : faire la preuve du développement durable
Faire du développement durable, une stratégie rentable et une règle de vie est un objectif pour la coopérative suédoise Lantmännen.
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En Suède, comme ailleurs, « le durable est à la mode mais nous ne faisons pas de miracle », concède Claes Johansson, 39 ans, directeur du développement durable depuis neuf ans à la coopérative Lantmännen. Ce diplômé en environnement scientifique insiste : « C'est une oeuvre à long terme et nous essayons d'en faire une oeuvre concrète, pas seulement une série d'indicateurs. » Après avoir été rattaché à la direction de la communication, Claes Johansson et son équipe qui comporte une quinzaine de personnes (quatre personnes dédiées et un à plusieurs représentants par grands métiers), ont rejoint la direction générale : « Un signe très fort dans l'entreprise. » Il est considéré comme le « poisson pilote » pour les décisions importantes.
L'économie en priorité
L'économie restant la principale valeur du développement durable, il est ainsi associé systématiquement aux décisions stratégiques. Parmi celles-ci : la volonté de concentrer les activités en passant de 35 métiers à 25 en moins de cinq ans, ce qui a entraîné l'abandon d'activités comme les magasins verts ou encore un laboratoire d'analyses agroalimentaires vendu au français Eurofins. Actuellement, c'est la visibilité et la reconnaissance de l'entreprise qui est sa priorité, car tout en étant leader en Suède, la coop n'est connue que par 30 % des consommateurs. Il a donc été décidé de capitaliser sur une marque générique, Lantmännen, qui couvrira la centaine de marque commerciale du groupe. « Nous devons réussir aussi le pari d'une agriculture productive, reconnue par nos adhérents, et une agriculture définie comme propre, appréciée par les citoyens et qui ne soit pas bio, reconnaît Claes Johansson. Comme en France, 20 % de bio attendus par le gouvernement sont un leurre, alors que l'on stagne à 5 % depuis des années. » Ce qui fait la différence, c'est aussi la force de la preuve. La R & D de Lantmännen a développé, par exemple, un traitement de semences sans phytos, issu de micro-organismes. La coop relève aussi le challenge d'être le leader mondial dans la diminution d'émission de C02 (- 40 % en huit ans), avec l'inscription de l'empreinte carbone sur l'ensemble de son packaging. Autre piste : le biodiesel dont la coop est devenue le principal fournisseur pour la Suède. Pays qui a pour objectif de devenir totalement indépendant du carburant fossile d'ici à 2030.
Valoriser l'entreprise citoyenne
Autre volet du développement durable : l'aspect sociétal. La parité homme/femme pour toutes les catégories socioprofessionnelles est une notion fondamentale en Suède, Lantmännen est citée en exemple au niveau national. La formation est un atout majeur dans la coop. Tout employé se voit offrir une formation en management. De même, elle développe des contrats à long terme avec les principales universités pour les recherches fondamentale et appliquée. Lantmännen estime aussi qu'elle a un rôle dans l'intégration des jeunes dans l'entreprise et offre des périodes de stage de quinze mois aux diplômés ou non. C'est un passage obligé avant toute embauche.
« Notre réussite passe par la reconnaissance de notre métier et de nos efforts, insiste Claes Johansson. Nous avons la chance d'être présent de la fourche à la fourchette. Il faut que les Suédois sachent la place que l'agriculture occupe au quotidien dans leur vie. » La lecture du rapport annuel ne laisse aucun doute sur cette volonté de communiquer sur ces efforts puisque 20 % de l'espace sont consacrés au durable pour chaque activité. Dans un pays où la presse est plutôt Volvo ou Ikéa, Claes Johansson estime que le groupe n'est pas assez présent dans les médias.
Christophe Dequidt
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